Rare cartel « aux quantièmes » dit « œil de bœuf » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat

Dans une caisse attribuée à François Rémond
Paris, époque Louis XVI, vers 1785
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Manière à Paris », indique les quantièmes en chiffres arabes, les jours de la semaine en opposition de leurs signes zodiacaux et les mois de l’année par trois aiguilles, dont deux en acier poli-bleui. Le mouvement, dont la platine arrière porte un cadran annulaire indiquant les heures en chiffres romains, est renfermé dans une superbe caisse en « œil-de-bœuf » entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. La lunette est formée d’un bandeau moleté à décor de canaux ; l’encadrement mouluré en cavet est orné dans sa partie haute de deux branchages rubanés à graines et feuilles de lauriers, et dans sa partie basse, d’une pastille retenant deux branches à feuilles de vigne ; le tout est ceinturé par un enfilage de perles. Enfin, une bélière sommitale à anneau mobile permet l’accrochage du cartel.
La composition néoclassique particulièrement élaborée de ce superbe cartel, ainsi que l’exceptionnelle qualité de sa dorure et de sa ciselure, nous permettent de l’attribuer à l’un des plus talentueux bronziers parisiens de son époque : François Rémond. De nos jours, parmi les rares cartels « œil-de-bœuf » connus réalisés dans le même esprit, citons notamment un premier exemplaire dépourvu de décor ciselé qui est reproduit dans R. Mühe et Horand M. Vogel, Horloges anciennes, Manuel des horloges de table, des horloges murales et des pendules de parquet européennes, Fribourg, 1978, p.191, fig.354 ; ainsi qu’un deuxième qui est représenté in situ dans une grande collection parisienne (voir Le Dix-huitième Siècle français, Connaissance des Arts, Editions Hachette, Paris, 1956, p.218) ; enfin, citons un dernier modèle agrémenté de branchages de roses qui est illustré dans Tardy, La pendule française des origines à nos jours, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.312. L’originalité de l’exemplaire que nous proposons réside dans l’indication des quantièmes et du calendrier annuel laissant supposer qu’il était conçu à l’origine pour faire pendant à un second cartel qui indiquait les heures et les minutes.
Charles-Guillaume Hautemanière (? - 1834)
Charles-Guillaume Hautemanière, dit Manière (mort à Paris en 1834) est l’un des plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, le 1er mai 1778, il installe son atelier rue du Four-Saint-Honoré et rencontre immédiatement un immense succès auprès des amateurs de belle horlogerie. Tout au long de sa carrière, Manière collabore avec les meilleurs bronziers et ciseleurs-doreurs parisiens pour la réalisation des caisses de ses pendules, particulièrement avec Pierre-Philippe Thomire, François Rémond, Edmé Roy et Claude Galle. Par l’intermédiaire, des marchands-merciers Dominique Daguerre et Martin-Eloi Lignereux, il réalise des pendules destinées aux plus grands collectionneurs de l’époque, notamment au prince de Salm, au banquier Perregaux et au financier Micault de Courbeton, tous trois grands amateurs de pièces d’horlogerie rares. De nos jours, certaines de ses pendules appartiennent aux plus importantes collections privées et publiques internationales, citons notamment celles qui sont exposées au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, au Musée national du château de Fontainebleau, au Palais du Quirinale à Rome, au Musée Nissim de Camondo à Paris et au Musée national du château de Versailles et des Trianons.
François Rémond (vers 1747 - 1812)
À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.